Dessiner est pour moi un processus ininterrompu, pris dans la durée. Chaque dessin découle du précédent. Le dessin permet une transposition directe, spontanée, voire intime des choses vues et vécues, de l’expérience et de pensées. Les matériaux utilisés sont principalement le min de plomb, l’encre de chine et parfois l’encre bleue, la sépia, la sanguine et la craie blanche.
Ce que je voudrais vous encore dire c’est que
ces dessins rapides nécessitent du temps pour être lu. Et : c’est très
important de ne pas totalement comprendre ce que l'on voit, et ce que l’on
crée !
Le signe capte l’énergie
par son indétermination même, la capte et la relance aussitôt à
d’autres signes et à leur unanime agitation. Toutes les
communications sont ouvertes par ce pouvoir de liaison et de rupture
du signe avec le plus proche et le plus lointain. Et dans cet
incessante rebond, il prend appui sur la tache, qui sert de tremplin,
ou de relais, à la perpétuelle improvisation qu’elle requiert et
favorise. Ce qu’on appelle la tache, ce tison liquide, est
l’écrasement ou la coulée, violents ou suaves, de la couleur,
comme pour retenir la fraîcheur et la vivacité de l’élan qui la
projette. Elle tombe, éclate, diffuse, s’étend ou se ramifie, et
sa sensibilité détecte le moindre tressaillement de vie et le
restitue à la surface.
Jaques Dupin (extrait de "Contemplatif dans l'action", texte sur Henri Michaux)
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